Nous avons frémi ...avec
Les lieux sombres de G. Flynn !
Le site de l'auteur
Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de 15 ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l'innocence bafouée. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s'est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d'un type très particulier, elle accepte pour la première fois de revisiter les lieux sombres de son passé. C'est là, dans un Middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu'une vérité inimaginable commence à émerger. Et Libby n'aura pas d'autre choix pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l'affaire, quelles qu'en soient les conséquences.
La fille du train/ Paula Hawkins
Un roman policier plébiscité par la critique ...
Extrait : trouvé sur le site des éditions Sonatine
"RACHEL
Vendredi 5 juillet 2013
Matin
Une pile de vêtements repose au bord de la voie ferrée. Un tissu
bleu clair – une chemise, j’imagine – entortillée dans quelque chose
d’un blanc sale. Ce sont probablement des vieux habits à jeter échappés
d’un paquet balancé dans le petit bois miteux un peu plus haut, près de
la berge. Peut-être que ce sont des ouvriers qui travaillent sur cette
partie des rails qui les ont laissés là, ce ne serait pas la première
fois. Peut-être que c’est autre chose. Ma mère répétait à l’envi que
j’avais une imagination débordante. Tom aussi me le disait. Je ne peux
pas m’en empêcher : dès que j’aperçois des haillons abandonnés, un
t-shirt sale ou une chaussure isolée, je pense à l’autre chaussure et
aux pieds qu’elles enveloppaient.
Un crissement strident puis le train s’ébranle et repart. La petite
pile de vêtements disparaît de ma vue et nous roulons pesamment vers
Londres, à la vitesse d’un joggeur bien entraîné. Quelqu’un dans le
siège derrière le mien, irrité, pousse un soupir impuissant ; la lenteur
du 8h04 qui va d’Ashbury à la gare de Euston est capable de faire
perdre patience au banlieusard le plus désabusé. En théorie, le voyage
dure cinquante-quatre minutes. En pratique, c’est une autre histoire :
cette portion de la voie de chemin de fer est une antiquité décrépie en
perpétuel chantier, émaillée de feux de signalisation défectueux.
Au ralenti, le train passe en cahotant près d’entrepôts, de
châteaux d’eau, de ponts et de cabanons, de modestes demeures
victoriennes qui tournent fermement le dos aux rails.
La tête appuyée contre la vitre du train, je regarde défiler ces
maisons, comme un travelling au cinéma. J’ai une perspective unique sur
elles ; même leurs habitants ne doivent jamais les voir depuis cette
perspective. Deux fois par jour, je bénéficie d’une fenêtre sur d’autres
vies, l’espace d’un instant. Il y a quelque chose de réconfortant à
observer des inconnus à l’abri, chez eux.
Un téléphone sonne, une chansonnette incongrue, trop enjouée pour
ce trajet. La personne met du temps à répondre et la sonnerie retentit
longuement dans l’atmosphère. Autour de moi, mes compagnons de voyage
remuent sur leur siège, froissent leur journal et pianotent sur leur
clavier d’ordinateur. Le train fait une embardée et penche dans le
virage avant de ralentir en approchant du feu rouge. J’essaie de ne pas
lever les yeux, de me concentrer sur le quotidien gratuit qu’on m’a
tendu alors que j’entrais dans la gare, mais les mots se brouillent
devant moi et rien ne parvient à capter mon attention. Dans ma tête, je
vois toujours cette petite pile de vêtements au bord des rails,
abandonnée.
Soir
Mon gin tonic en canette frémit quand je le porte à mes lèvres pour
en prendre une gorgée, fraîche et acidulée : le goût de mes toutes
premières vacances avec Tom, dans un village de pêcheurs sur la côte
basque, en 2005. Le matin, on nageait les sept cents mètres qui nous
séparaient d’une petite île pour aller faire l’amour sur des plages
secrètes ; l’après-midi, on s’asseyait au bar et on buvait des gin
tonics amers, très alcoolisés, en regardant des nuées de footballeurs du
dimanche faire des parties à vingt-cinq contre vingt-cinq sur le sable
mouillé.
Je prends une autre gorgée, puis une troisième ; la canette est
déjà à moitié vide mais ce n’est pas grave, j’en ai trois autres dans le
sac en plastique à mes pieds. C’est vendredi, alors je n’ai pas à
culpabiliser de boire dans le train. Super, c’est le week-end. En route
pour l’aventure.
D’ailleurs, à en croire la météo, ça va être un très beau week-end.
Un soleil radieux dans un ciel sans nuage. Avant, on aurait peut-être
pris la voiture jusqu’à la forêt de Corly avec un pique-nique et des
journaux, et on aurait passé l’après-midi allongés sur une couverture à
boire du vin, la peau tachetée par les rayons du soleil s’insinuant
entre les feuilles des arbres. On aurait pu organiser un barbecue dans
le jardin avec des amis, ou aller au Rose, sur les tables à l’extérieur,
laisser la chaleur nous rougir le visage au fil des heures, on serait
rentrés à pied en zigzagant, bras dessus, bras dessous, avant de
s’endormir sur le canapé.
Un soleil radieux dans un ciel sans nuage, personne à voir, rien à
faire. Vivre comme je le fais, c’est plus difficile l’été, avec ces
journées si longues, si peu d’obscurité où se dissimuler, alors que les
gens sortent se promener, leur bonheur est si évident que c’en est
presque agressif. C’est épuisant, et c’est à vous culpabiliser de ne pas
vous y mettre, vous aussi.
Le week-end s’étire devant moi, quarante-huit longues heures à
occuper. Je porte de nouveau la canette à mes lèvres, mais elle est déjà
vide."
Ca aussi ça passera / Milena Busquets
Avec une évidente dimension autobiographique, Milena Busquets fait ses
adieux à sa mère disparue. Et raconte l'épreuve chaotique du deuil.. ...Lire la suite de l'article de Télérama
Très émouvant et très très bien écrit !
A toi / Claudia Pineiro, Actes sud
Un coeur dessiné au rouge à
lèvres, transpercé d’un “je t’aime” et signé “À toi”. Il n’en faut pas
davantage à la perspicace Inés pour découvrir que son mari la trompe,
puisque, bien sûr, À toi ce n’est pas elle…
Drapée dans sa dignité, elle sauve les apparences mais n’en exerce pas
moins une vigilance active. C’est ainsi qu’elle surprend une
conversation téléphonique sans équivoque et décide de filer discrètement
le mari volage. Elle assiste alors impuissante (et soulagée ?) à
l’assassinat d’À toi par les mains de son doux et, d’ordinaire du moins,
si prévisible Ernesto qui vient de se défaire de sa secrétaire. Et
l’auteur de déployer un thriller tragicomique addictif, avec une femme
au bord de la crise de nerfs, prête à toutes les audaces pour éviter
l’humiliation publique des femmes bafouées. Surtout ne jamais ressembler
à sa pitoyable mère.
Pendant qu’elle sillonne la ville de Buenos Aires, sanglée dans un ravissant tailleur de soie beige, subtilisant sans vergogne des pièces à conviction ou interrogeant habilement de présumés témoins qui n’ont rien vu, sa fille adolescente semble de bien méchante humeur. Se pourrait-il qu’elle ait des soucis autrement plus préoccupants ?
Un portrait au vitriol des vicissitudes de la vie domestique dans la classe moyenne argentine.
Pendant qu’elle sillonne la ville de Buenos Aires, sanglée dans un ravissant tailleur de soie beige, subtilisant sans vergogne des pièces à conviction ou interrogeant habilement de présumés témoins qui n’ont rien vu, sa fille adolescente semble de bien méchante humeur. Se pourrait-il qu’elle ait des soucis autrement plus préoccupants ?
Un portrait au vitriol des vicissitudes de la vie domestique dans la classe moyenne argentine.
Très drôle !
Check point/ JC Rufin
Notre lectrice s'est régalé, un regard très bien vu sur l'humanitaire ...
On ne présente plus JC Rufin médecin, diplomate, écrivain hyper doué !
Lionel, le chef de mission de l'ONG lyonnaise La Tête d'Or, Maud, la jeune idéaliste qui cache sa beauté sous des vêtements informes, Marc et Alex, les deux militaires, et l'étrange Vauthier que ses camarades soupçonnent d'être un barbouze vont distribuer vivres et secours à des victimes réfugiées dans une mine cernée de miliciens croates.
Dans les deux camions qui forment le convoi, l'atmosphère est détestable et le machisme de rigueur. Contre toute attente, Maud, l'héroïne, se rapproche des militaires. Une idylle se noue, des secrets se dénouent. Et le groupe se scinde de manière dangereuse. L'expédition humanitaire tourne à l'équipée sauvage....
je vous écris dans le noir/ JL Seigle
Quand Pauline Dubuisson, étudiante en médecine, tue son ex-fiancé Félix
Bailly, elle n'imagine pas qu'elle va provoquer par ricochet du destin
une autre mort, celle de son père qui se suicide après avoir appris son
arrestation. A 21 ans elle est jetée en prison et passe devant les
Assises de Paris. Pauline est la seule femme contre laquelle le
Ministère public requiert la peine de mort.
Extrait du film "La vérité" avec Brigitte Bardotinspiré du même faits divers:
La servante du seigneur/ JL Fournier
L'histoire : Jean Louis Fournier a eu trois enfants : Matthieu, Thomas et une fille. Des deux garçons, on a déjà entendu l'histoire, puisque leur père en a fait le récit dans "Où on va papa?" (Stock, prix Fémina 2008). Le troisième enfant est une fille, "le chef-d'œuvre" après deux "brouillons". Mais cette fille-là, son père l'a "égarée". Depuis qu'elle a rencontré Monseigneur, il ne la reconnait plus. Ce père "pas anticlérical, ni agnostique, ni athée, peut-être panthéiste tendance iconoclaste" se demande "pourquoi depuis qu'elle a décidé d'être sainte, elle est de moins en moins agréable". Il n'en finit pas de s'interroger "Je l'ai retrouvée. Elle avait bien changé. Je l'ai à peine reconnue. Elle est grave, elle dit des mots qu'elle ne disait pas avant, elle parle comme un livre. Je me demande si c'est vraiment elle."
Prodigieuses créatures/Tracy Chevalier
Révélée par La jeune fille à la perle, l'Américaine Tracy Chevalier renoue ici avec le roman basé sur une histoire vraie : au début du 19e siècle, Elizabeth et Mary découvrent un squelette gigantesque sur une plage du Dorset.
Vivant dans un village anglais hyper conservateur, les deux femmes se rendent compte que ce témoin d'un passé lointain ne peut pas être un crocodile, comme elles le croyaient d'abord. Elles se renseignent et ce qu'elles apprennent laisse supposer que la théorie créationniste de la Bible ne tient plus la route face à cette créature monstrueuse, née il y a des millions d'années.
L'auteur restitue magnifiquement l'ambiance oppressante de la société anglaise à une époque où la femme n'avait aucun droit à l'émancipation. Elizabeth est issue de la bonne société londonienne ; restée célibataire, elle doit vivre à Lyme Regis (où Jane Austen situe d'ailleurs son roman "Persuasion") car son frère s'est marié et a récupéré la maison familiale pour y installer son cabinet d'avocat. Mary, elle, est la fille d'un menuisier très pauvre; elle déniche des fossiles sur la plage et les vend aux touristes de passage dans la région.
Quand il s'avère que le "crocodile" est en fait un ichtyosaure, la communauté scientifique anglaise (mais aussi française avec Cuvier) s'approprie le bénéfice de la découverte, laissant dans l'ombre Elizabeth et Mary. Toutes deux vont se battre pour ne pas laisser moisir le squelette dans un cabinet de curiosités privé; elles vont aussi défendre le droit des femmes à mener une existence libre, loin de toute tutelle masculine.
Le héros discret/ Mario Vargas llosa
Dans « Le héros discret », il ausculte au plus près la société péruvienne contemporaine, lui qui fut il y a vingt-cinq ans candidat à la présidentielle. Observateur affûté de l’Amérique latine, Mario Vargas Llosa montre un monde en plein développement devant néanmoins faire face aux pires des démons : la corruption, le mensonge, la jalousie.
"Tout a commencé par une petite annonce que j’ai lue dans un journal péruvien. Un entrepreneur d’origine très modeste lançait publiquement un défi à la mafia locale : «Je refuse d’être rançonné, disait-il. Vous pouvez détruire mon entreprise, ma maison, vous attaquer à ma famille ou à moi, je ne paierai pas.» Je n’ai jamais su qui il était et s’il avait été puni par la mafia, mais la force de son message m’a impressionné. J’ai imaginé ce petit homme, sans pouvoir ni protection, qui risquait sa vie par un acte de bravoure authentique."
A l'origine notre père obscur/Kaoutar Harchi
Résumé de l'éditeur : Enfermée depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses, sœurs et filles coupables – ou soupçonnées – d’avoir failli à la loi patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner d’elle.
Menacée de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par
l’insondable indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante,
l’abandonnée tente de rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé
en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure du père, où
sévit le clan, la guette un nouveau cauchemar où l’effrayant visage de
l’oppression le dispute aux monstrueux délires de la névrose familiale
dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir le sentiment d’amour.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière, corps et âme habitable.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière, corps et âme habitable.
L'homme à la bulle de savon/ Sylvie Matton
"Je le
veux et je l'aurai. Plusieurs fois ces derniers mois, Patrick est
retourné dans le musée pour vérifier les déficiences du système de
sécurité. Il vit la mutation du défi en un acte héroïque comme un
parcours initiatique, illicite et enivrant. Une mission joyeuse. Et si
ce geste extraordinaire se conclut par une réussite sans encombre,
Patrick ne doute pas que sa vie vécue désormais dans l'intimité de
l'Enfant, son compagnon et son secret, fera de lui un homme nouveau."
Nombreux sont ceux qui ont un jour
ressenti l'envie fugitive de posséder une œuvre exposée dans un lieu
public, mais passer à l'acte est exceptionnel tout autant que la
relation intime et passionnelle qu'entretient Patrick avec celui qu'il
appelle L'Enfant, le personnage du tableau de Rembrandt, L'Enfant à la
bulle de savon. Depuis qu'il l'a vu exposé, L'Enfant est devenu son
frère, son double, l'unique compagnon auquel il peut confier ses
terreurs de petit garçon face à un tyran domestique jusqu'au jour où le
désir de s'approprier la peinture devient irrépressible. Nous livrant
les clés d'un vol commis dans un musée, cet ouvrage est aussi, par
maints thèmes dérangeants et souvent occultés, un roman social.
Désormais garant de la bonne
conservation du tableau, Patrick vivra cette vie commune telle une lente
descente aux enfers, à l'image d'un Dorian Gray inversé, où la peinture
se porte au mieux dans sa cachette tandis que lui-même se met en
danger. Ce roman de non fiction est une histoire vraie.
Il s’agit d’un fait divers qui s’est
déroulé il y a quelques années et dont Sylvie Matton nous raconte ici
comment cet homme en est venu à voler ce Rembrandt pour le restituer 15
ans plus tard.
Un océan d'amour (BD) / Lupano, Panacionne
Chaque matin,
Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là,
c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps,
Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que
son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un
périlleux
chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes.